Sensible depuis la tendre enfance aux beautés de la nature, j’ai depuis longtemps conscience des méfaits que lui cause notre négligence.
Mon cursus d’étudiant puis mon parcours professionnel sont marqués par la désinvolture de notre époque, plus ou moins choisie. Par suivisme. Par paresse. Par confort face au changement.
En 2001 j’ai commencé à utiliser vraiment les savoirs et les techniques qui rendent les bâtiments écologiquement vertueux. Ce chemin a débuté avec les notions les plus connues : HQE, Energies Renouvelables… pour aller vers une pratique du métier de plus en plus précise et exigeante, peuplée de gros mots : passif, bioclimatisme, matériaux, monomurs, bois, paille, chanvre, simulation dynamique, perméance, infiltrométrie…
Mon atelier d'architecture ouvre en 2005. Progressivement, une équipe se constitue. Au début composée de jeunes diplômés en architecture, elle s'enrichit d'autres métiers depuis 2012 : dessinatrice, thermicien, infographiste, conducteur de travaux, secrétaire, économiste... tous conscients des enjeux sanitaires, climatiques et écologiques de notre temps.
Nous exerçons le métier d'architecte de façon responsable, respectueuse de l'avenir et du vivant. Cette pratique apporte du sens et de la joie dans le travail. Des difficultés parfois, lorsque nous explorons les premiers certaines voies...
L'éco-architecture suscite parfois l'incrédulité, dérange les habitudes. A la mue en "éco-architecte" répond celle d'autres métiers : artisans, bureaux d'étude et même investisseurs. L'architecte et le client orientent les choix, ils sont les initiateurs. Cette métapmorphose lente et profonde transformer notre façon de construire :
* Sur le plan technique : l'éco-construction fait appel à des solutions simples, peu consommatrices d'énergies et de matières. Nous avons recours à de techniques d'origine ancestrale qui sont actualisées par le progrès des sciences, de l'industrire et le retour d'expérience,
* Sur le plan des finalités : en concevant des projets économes et efficaces, nous prenons soin de la santé des ouvriers, des occupants, des avoisinants. Nous nuisons bien moins à l'environnement. Certain projets construits on même un impact positif sur l'effet de serre et l'environnement
* Sur le plan humain enfin : apprendre à remettre en cause les automatismes, le lieux commeuns et même les connaissances. Si l'on apprend qu'une solution risque de nuire à l'environnement, nous en cherchons une meilleure. L'inconfort est nécessaire pour dépasser nos pré-supposés, pour améliorer l'impact de la construction.
A eux seuls, les bâtiments en France représentent 40% de la consommation d’énergie nationale et produisent 25% de nos gaz à effet de serre.
Depuis le début les années 2010, Internet et plusieurs maisons d'édition ont mis à la disposition de tous les connaissances, les techniques et les retours d'expérience. On fabrique des maisons sans chauffage central en haute montagne. On bâtit des bureaux sans climatisation. On rénove des bâtiments en divisant par quatre leur besoin de chauffage. Lors des épisodes de canicules ou de grand froid, nous observons la résilience naturelle, passive, des éco-constructions. Tout cela est bon pour nous et bon pour nos ressources naturelles.
Il existe un panel de choix pour produire des bâtiments sains et performants, dans les respect des forêts, des champs, de l'eau ou de l'air.
Les projets d'éco-architectes modifient l'architecture autant que la façon de pratiquer le métier. C'est indissociable. Il est temps que tous, nous mettions en acte les inombrables principes et solutions de l'éco-construction : clients, artisans, architectes, étudiants...
A la COP 15 de Copenhague en mars 2009, les experts du GIEC indiquaient que le genre humain devait stabiliser les émissions de gaz à effet de serre dans les 7 ans. Sinon, la machine climatique risquait de s'emballer et se détraquer, sans qu'on sache si et comment ce sera réparable. En 2023, nous avons dépassé le cap. Il faut toujours réduire nos GES mais en plus, il faut maintenant se préparer aux chocs climatiques en toutes saisons.
Il n’est plus question de débattre du changement climatique. Le débat scientifique est clos. Il faut agir. Passer à la pratique. Changer. Evoluer. Renâitre. Construire ensemble des éco-bâtiments. Idem dans l'agriculture, la mobilité, les loisirs...
Lors de l’inauguration du Grenelle de l’Environnement en 2007, le vice-président des Etats-Unis AL GORE citait ce proverbe indien : « pour aller vite, il faut voyager seul ; pour aller loin, il faut être nombreux » Et il ajoutait « pour surmonter le réchauffement climatique, il nous faut faire les deux ».
Nous disposons des connaissances et des moyens pour aller loin et vite. Nous avons tout pour le faire. Maintenant, il faut le décider et s'y résoudre et tenir la ligne jusqu'au bout du 21ème siècle.
Faisons-le, avec patience et détermination. De plus en plus nombreux. De toutes nos forces, de toute notre âme.
Alexis Monjauze, décembre 2008
palimpseste : juillet 2009, juillet 2010, octobre 2011, mars 2013, mars 2020, octobre 2021, février 2023