Mon premier sait faire des lotissements copiés-collés du nord au sud de la France
Mon deuxième sait concevoir des projets dans le paysage et le climat de Haute Loire
Mon troisième est l'avenir d'un coteau en prairie à deux pas du centre du Puy en Velay
Mon premier ne voit dans mon troisième que l'argent qu'il pourrait lui faire gagner.
Mon deuxième veut gagner de l'argent aussi mais sans compromettre mon troisième.
Il lance un défi à mon premier : "chiche de faire un lotissement sans dénaturer mon troisième?"
Mon premier répond : "j'ai déjà un plan qui me va, même s'il est moche et banal je le garde"
Alors mon deuxième demande : " à salaire égal, comment peut-on préférer faire moche et banal plutôt que beau et local ?"
Mon premier ne répond pas, trop occupé par ses affaires : le confort des habitudes, la paresse intellectuelle, la comptine du risque zéro, l’illusion du contrôle, la goujaterie de l’avidité ou d'autres chimères financières...
Le monde est ainsi en 2013 :
- mon premier est convaincu qu’il est impossible de faire beau et rentable. Alors il poursuit méticuleusement son ouvrage sans saveur, apporte sa contribution très professionnelle à l’enlaidissement du monde.
- mon second fait s'entendre la beauté et l'argent. C'est son métier et l’horizon qu’il vise : une humanité mariée à l’aura des paysages… autant dire un rêve. Et même s’il doute que cela change quelque chose au monde, il ne peut faire autrement.
Un jour peut-être, mon premier sortira de sa prison mentale pour aller travailler dans et avec la beauté des paysages. Ce sera un beau jour.
Et peut-être mon premier et mon deuxième travailleront-ils alors ensemble...
Le promoteur, l’architecte et l’avenir de la prairie en ville
Publié le Jeudi 14 Février 2013