Les puits canadiens : un inconnu pour les logiciels thermiques, même en simulation dynamique et en BBC
Nous revenons sur maison D... achevée en juillet 2011 (on peut voir les plans sur la page 2010 du blog, année d'obtention du Permis de Construire). Elle se situe à 1030 m d'altitude, près du barrage de Naussac, en Lozère.
On mesure une SHON de 313 m2 et une Surface Habitable de 294 m2, répartie sur deux niveaux.
Les parois de la maison présentent des résistances thermiques suivantes:
* toiture R=9
* murs R=6
* plancher sur pilotis R= 8,5
ERE43 a réalisé l'étude thermique en simulation dynamique. Celle-ci prévoit une consommation de chauffage de 62 kwh/m2 par an avec deux poêles à granulés. C'est insuffisant pour atteindre le niveau le BBC (70 kwh/m2 par an pour chauffage+eau chaude+éclairage+ventilation dans ce cas-ci).
Pour améliorer le confort thermique d'été et réduire les consommations d'hiver, nous avons installé deux puits canadiens. (deux, pour tenir compte de la taille de la maison) Ces puits permettent de préchauffer l'air insufflé en hiver.
Après ces 6 premiers mois de fonctionnement, il s'avère que la température se stabilise l'hiver entre 2°C et 8°C la nuit lorsque la maison est inoccupée et non chauffée. Par ailleurs pendant l'été 2011, nous avons mesuré 8 degrés de rafraichissement grâce aux puits canadiens.
Il faudra toutefois rester prudent et attendre encore un an ou deux pour affiner ces premières mesures.
Quoi qu'il en soit, l'efficacité du puits canadien est mesurable et réelle dans les faits.
Pourtant, les logiciels thermiques du BBC ne le reconnaissent pas. La RT française reconnait les appareils de chauffage électriques et les pompes à chaleur depuis toujours. Jusqu'en 2009 elle ne connaissait pas les poêles à bois ou à granulés ni les VMC Double Flux...
Et aujourd'hui, en 2012, elle ne connait toujours pas le puits canadien. Son logiciel réglementaire "RT" s'appuie sur les recommandations de PROMOTELEC, qui elle même est composée d'EDF et Cie, autrement dit : les lobbys du tout électrique. Peuvent-ils avoir intérêt à promouvoir les puits canadiens ? l est écologiquement recommandable, mais il l'est aussi économiquement : il ne consomme presque rien. Et ça, quand on vend de l'électricité...
Plus surprenant, le logiciel de thermique ici utilisé par le professionnel ne connaît pas plus le puits canadien. C'est pourtant un outil de simulation dynamique, le logiciel CoDyBa. Mais il ne sait pas simuler les apports d'un puits canadien.
En conclusion :
- les systèmes sobres et efficaces (puits canadien, pergola, toiture végétale... voire VMC double flux) sont peu ou mal pris en compte en thermique. Des bâtiments peuvent être réellement passifs dans la réalité mais pas toujours selon les logiciels RT, de Simulation Thermique Dynamique ou du vieux CoDyBa.
- les équipements plus techniques, fonctionnant au tout électrique, en particulier les PAC, sont pris en compte par les logiciels de thermique, parfois de manière exagérément optimiste. Cela permet de continuer à vendre du chauffage central alors qu'on sait s'en passer...
Avec la RT 2012, on nous dit que le puits canadien sera peut-être enfin pris en compte... A suivre, donc!