Une architecture à la fois imaginative et sobre, utile et ludique.
Lors du tremblement de terre de 2012 en Chine, beaucoup d'habitants du village de Shuanghe ont été privés de maison, certains pendant plus d'une année. Pour aider la cicatrisation et offrir aux enfants un lieu de jeu et de récréation, un point central nouveau a été imaginé sur une placette autrefois vide, en bas du village. Elle accueille aujourd'hui un bâtiment tout en courbes, issu d'une recherche formelle malicieuse. Une architecture à la fois imaginative et sobre, utile et ludique.
Le bâtiment, imaginé par Olivier Ottevaere et John Lin, est un lieu de jeux et de gymnastique poétiques offert aux enfants. Ils peuvent monter, arpenter et glisser sur son toit. Mais c'est aussi un lieu sage et ordonné à l'intérieur où l'on peut entrer au calme pour lire parmi d'autres enfants.
Ces images nous viennent de loin. Elles expriment l'éloquence d'un bel ordinaire. En retour, on peut voir comme elles nous interrogent : un tel projet ici est improbable pour ne pas dire impossible. Nous ne pouvons plus atteindre ce niveau d'accomplissement dans la simplicité. Nous ne sommes plus capables d'atteindre cette éloquente gaieté. Pourquoi?
Nos architectes ne sont pas plus mauvais qu'ailleurs. Nos techniques non plus. Nos artisans et nos matériaux sont les mêmes. Alors, pourquoi pas chez nous?
Parce que chez nous, il y a un environnement réglementaire enchevêtré et pléthorique,
parce que chez nous, il y a des niveaux de conforts qui ne sont plus admis,
parce que chez nous, il y a le culte de la performance énergétique (et c'est moi qui dit ça!),
parce que chez nous, il y a un embourgeoisement généralisé des consciences.
Le bâtiment chez nous est conçu dans une optique de niveau de gamme, de niveau de prestations et parfois de gadgets. Non dans une perspective d'usages, de paysage ou de savoirs-faire.
Nous avons organisé et pensé la société jusqu'à ce que l'insignifiance de nos bâtiments deviennent obligatoire, jusqu'à nous priver de la liberté de pouvoir choisir entre la beauté de la chose bien conçue et cette norme de l'insignifiance respectable qui fait des ravages dans nos consciences.